Le parcours de Tony est ponctué de hasards et de rencontres. La rencontre entre ses parents, tout d’abord, sa mère ayant grandi sur la Côte d’Opale et son père en région parisienne. Ils se sont installés à Berck-sur-Mer il y a de nombreuses années. La ville balnéaire, qui se situe dans les Hauts-de-France, à mi-chemin entre la baie de Somme et Le Touquet, accueille chaque année les estivants, les cerfs-volants et les colonies de phoques sur ses plages. Et c’est dans ce joyeux décor que Tony a grandi.
Dans la vie de tous les jours, Tony travaille dans garage automobile. « Je suis apprenti mécanicien en alternance », précise-t-il avec enthousiasme. « Je jongle entre trois mondes. À l’école, je suis en terminale. J’étudie en vue de préparer le passage de mon bac professionnel à la fin de cette année. Côté pro, j’interviens sur les moteurs, transmissions… Et j’ai aussi une passion pour la chasse au gibier. »
La SNSM, une deuxième famille
Semaines et week-ends bien remplis, qu’est-ce qui a bien pu pousser Tony vers le large aux cotés des nageurs sauveteurs ? C’est en naviguant sur les réseaux sociaux que Tony découvre la page Facebook de la SNSM de Berck. « Je cherchais à faire quelque chose pour me rendre utile auprès de la population. J’ai trouvé le numéro de téléphone de la station, et c’est Guy Lardé qui a décroché, le président. On a discuté une dizaine de minutes, puis on s’est donné rendez vous. » C’était gagné ? Pas tout à fait. « Comme j’étais le premier jeune mineur – j’avais 16 ans –, il souhaitait en parler d’abord ouvertement avec les autres membres de son équipe car c’était une responsabilité. Finalement, tout s’est bien passé. » Le rendez-vous venu, l’affaire est faite : Tony entre dans le sillage de la SNSM.
Et les proches ? « J’en ai alors parlé à mes parents, ma petite amie et mes amis. Ils ont tous eu la même réaction : à la fois contents pour moi et très fiers. C’est toujours réconfortant, ces encouragements, et de s’entendre confirmer qu’on a fait le bon choix. » Vient alors le moment de rejoindre ses coéquipiers. Là encore, une belle rencontre. « Nous sommes près d’une trentaine. Et l’accueil a été super chaleureux », glisse-t-il en souriant.
Avant d’ajouter : « Vraiment, pour rien au monde je ne voudrais changer l’équipe ! On est tous soudés. La philosophie est simple : tu ne comprends pas, alors recommence, et tu vas comprendre. On s’entraide. Franchement, je considère la vie à la station comme une deuxième famille. » Un soutien précieux à tout instant lorsque vient le moment pour Tony d’entamer son cursus de sauveteur.
Se former pour devenir opérationnel
« J’ai passé mon PSC1 : les premiers secours face aux saignements, arrêts cardiaques ou malaises. C’est le diplôme en bas de l’échelle, mais c’est tout de même un diplôme de secours. Le plus compliqué était de dégager du temps libre, entre l’école et l’alternance, mais j’y suis parvenu. Je garde également des congés pour passer les formations de secourisme – PSE1 et PSE2. »
Mais le plus dur était à venir… « Avec mon diplôme, j’ai pu embarquer, mais jamais en intervention, j’étais encore mineur ! Mon premier exercice en mer, ce fut vraiment le plus impressionnant. J’étais partagé entre l’angoisse de tomber malade et l’excitation de pouvoir observer l’action des sauveteurs d’aussi près. »
Exercice après exercice, Tony se rode à l’expérience. « Tous les quinze jours, un exercice est organisé. En mer, on se retrouve souvent dans les mêmes groupes. Grâce à cela, à bord, on est détendus parce qu’on arrive à se comprendre sans se parler. D’un seul regard, on se répartit les tâches. » En attendant de pouvoir réaliser Tony devient équipier à terre. Lors des manifestations, il donne un coup de main et participe à des opérations de collecte de fonds pour la station. « Entre-temps, les collègues m’apprenaient certaines choses lors des manœuvres. » Tony engrange un maximum d’informations en vue de devenir opérationnel dès qu’il serait en âge de secourir une personne en difficulté.
Prêt à intervenir en toutes circonstances
Aujourd’hui, Tony est majeur. Il est donc maintenant autorisé à partir en intervention avec l’équipe à bord du canot et est impatient d’aller porter secours. « Je suis disponible à tout moment. J’ai la chance d’avoir un employeur compréhensif, lui-même navigateur. » L’avenir s’annonce studieux. « Le but, c’est de se former pour être prêt à intervenir en toutes circonstances. J’attends d’avoir obtenu mon permis de conduire, avant de passer le permis côtier. Cela me permettra également de prendre la barre et d’occuper tous les postes indispensables. » Pour l’heure, tout est encore un peu frais et Tony porte un regard encore neuf sur son propre engagement : « Nous sommes de simples êtres humains qui, au beau milieu de la mer, vont en sauver d’autres. C’est quand
même énorme ! »
Article rédigé par Ludovic Decréquy, diffusé dans le magazine Sauvetage n°156 (2ème trimestre 2021)
Si, vous aussi, vous avez l’âme d’un sauveteur, faites comme Tony, montez à bord ! Plus d’informations sur notre site : www.snsm.org/comment-devenir-sauveteur-en-mer.