Tony Bertrand, déjà deux ans de sauvetage, à tout juste 18 ans

La SNSM compte parmi ses rangs des sauve­teurs aux profils de tous hori­zons et de tous âges. Le plus jeune d’entre eux est un solide gaillard qui a fêté ses 18 ans en fin d’an­née dernière. Tony Bertrand a fran­chi les portes de la SNSM il y a main­te­nant deux ans. Il nous confie les raisons qui, à un âge plutôt consa­cré à l’in­sou­ciance, l’ont poussé à s’en­ga­ger auprès des Sauve­teurs en Mer.

Tony Bertrand
Tony Bertrand, 18 ans, est sauveteur à la station SNSM de Berck-sur-Mer, depuis deux ans déjà. © Arthur Mulier

Le parcours de Tony est ponc­tué de hasards et de rencontres. La rencontre entre ses parents, tout d’abord, sa mère ayant grandi sur la Côte d’Opale et son père en région pari­sienne. Ils se sont instal­lés à Berck-sur-Mer il y a de nombreuses années. La ville balnéaire, qui se situe dans les Hauts-de-France, à mi-chemin entre la baie de Somme et Le Touquet, accueille chaque année les esti­vants, les cerfs-volants et les colo­nies de phoques sur ses plages. Et c’est dans ce joyeux décor que Tony a grandi.

Dans la vie de tous les jours, Tony travaille dans garage auto­mo­bile. « Je suis apprenti méca­ni­cien en alter­nance », précise-t-il avec enthou­siasme. « Je jongle entre trois mondes. À l’école, je suis en termi­nale. J’étu­die en vue de prépa­rer le passage de mon bac profes­sion­nel à la fin de cette année. Côté pro, j’in­ter­viens sur les moteurs, trans­mis­sions… Et j’ai aussi une passion pour la chasse au gibier.  »

La SNSM, une deuxième famille

Semaines et week-ends bien remplis, qu’est-ce qui a bien pu pous­ser Tony vers le large aux cotés des nageurs sauve­teurs ? C’est en navi­guant sur les réseaux sociaux que Tony découvre la page Face­book de la SNSM de Berck. « Je cher­chais à faire quelque chose pour me rendre utile auprès de la popu­la­tion. J’ai trouvé le numéro de télé­phone de la station, et c’est Guy Lardé qui a décro­ché, le président. On a discuté une dizaine de minutes, puis on s’est donné rendez vous. » C’était gagné ? Pas tout à fait. « Comme j’étais le premier jeune mineur – j’avais 16 ans –, il souhai­tait en parler d’abord ouver­te­ment avec les autres membres de son équipe car c’était une respon­sa­bi­lité. Fina­le­ment, tout s’est bien passé. » Le rendez-vous venu, l’af­faire est faite : Tony entre dans le sillage de la SNSM.

Et les proches ? « J’en ai alors parlé à mes parents, ma petite amie et mes amis. Ils ont tous eu la même réac­tion : à la fois contents pour moi et très fiers. C’est toujours récon­for­tant, ces encou­ra­ge­ments, et de s’en­tendre confir­mer qu’on a fait le bon choix. » Vient alors le moment de rejoindre ses coéqui­piers. Là encore, une belle rencontre. « Nous sommes près d’une tren­taine. Et l’ac­cueil a été super chaleu­reux », glisse-t-il en souriant.

Tony Bertrand  et un collègue sur un bateau de la SNSM
Le jeune Tony écoute et suit les conseils de ses collègues expé­ri­men­tés. © Chloé Four­net et Arthur Mulier

Avant d’ajou­ter : « Vrai­ment, pour rien au monde je ne voudrais chan­ger l’équipe ! On est tous soudés. La philo­so­phie est simple : tu ne comprends pas, alors recom­mence, et tu vas comprendre. On s’en­traide. Fran­che­ment, je consi­dère la vie à la station comme une deuxième famille.  » Un soutien précieux à tout instant lorsque vient le moment pour Tony d’en­ta­mer son cursus de sauve­teur.

Se former pour deve­nir opéra­tion­nel

«  J’ai passé mon PSC1 : les premiers secours face aux saigne­ments, arrêts cardiaques ou malaises. C’est le diplôme en bas de l’échelle, mais c’est tout de même un diplôme de secours. Le plus compliqué était de déga­ger du temps libre, entre l’école et l’al­ter­nance, mais j’y suis parvenu. Je garde égale­ment des congés pour passer les forma­tions de secou­risme – PSE1 et PSE2. » 

Mais le plus dur était à venir… « Avec mon diplôme, j’ai pu embarquer, mais jamais en inter­ven­tion, j’étais encore mineur ! Mon premier exer­cice en mer, ce fut vrai­ment le plus impres­sion­nant. J’étais partagé entre l’an­goisse de tomber malade et l’ex­ci­ta­tion de pouvoir obser­ver l’ac­tion des sauve­teurs d’aussi près.  »

Exer­cice après exer­cice, Tony se rode à l’ex­pé­rience. « Tous les quinze jours, un exer­cice est orga­nisé. En mer, on se retrouve souvent dans les mêmes groupes. Grâce à cela, à bord, on est déten­dus parce qu’on arrive à se comprendre sans se parler. D’un seul regard, on se répar­tit les tâches.  » En atten­dant de pouvoir réali­ser Tony devient équi­pier à terre. Lors des mani­fes­ta­tions, il donne un coup de main et parti­cipe à des opéra­tions de collecte de fonds pour la station. « Entre-temps, les collègues m’ap­pre­naient certaines choses lors des manœuvres.  » Tony engrange un maxi­mum d’in­for­ma­tions en vue de deve­nir opéra­tion­nel dès qu’il serait en âge de secou­rir une personne en diffi­culté.

Tony porte son équipement
Désor­mais majeur, Tony peut inter­ve­nir sur des missions de sauve­tage. © Chloé Four­net et Arthur Mulier

Prêt à inter­ve­nir en toutes circons­tances

Aujour­d’hui, Tony est majeur. Il est donc main­te­nant auto­risé à partir en inter­ven­tion avec l’équipe à bord du canot et est impa­tient d’al­ler porter secours. « Je suis dispo­nible à tout moment. J’ai la chance d’avoir un employeur compré­hen­sif, lui-même navi­ga­teur. » L’ave­nir s’an­nonce studieux. « Le but, c’est de se former pour être prêt  à inter­ve­nir en toutes circons­tances. J’at­tends d’avoir obtenu mon permis de conduire, avant de passer le permis côtier. Cela me permet­tra égale­ment de prendre la barre et d’oc­cu­per tous les postes indis­pen­sables. » Pour l’heure, tout est encore un peu frais et Tony porte un regard encore neuf sur son propre enga­ge­ment : « Nous sommes de simples êtres humains qui, au beau milieu de la mer, vont en sauver d’autres. C’est quand 
même énorme !
 »

Article rédigé par Ludo­vic Decré­quy, diffusé dans le maga­zine Sauve­tage n°156 (2ème trimestre 2021)

Si, vous aussi, vous avez l’âme d’un sauve­teur, faites comme Tony, montez à bord ! Plus d’in­for­ma­tions sur notre site : www.snsm.org/comment-deve­nir-sauve­teur-en-mer.