Une centaine de maisons se sont retrouvées les pieds dans l’eau après le débordement de la Canche les 11 et 12 novembre 2023.
Des pluies diluviennes ont entraîné crues et inondations dans la région du Pas-de-Calais, qui a fait face à une situation sans précédent en ce début novembre. Gendarmes, pompiers et Sauveteurs en Mer se sont alliés pour apporter leur aide aux sinistrés. À La Calotterie, ville des environs du Touquet, près de 1,60m d’eau empêchait la circulation dans la rue principale.
« Le chaos », décrit Franck Leurette, le maire de la commune. « On n’avait jamais vécu ça, renchérit Mathieu Delettré président de la station de Berck-sur-Mer, venue prêter main-forte lors de l’inondation. À Beutin, on ne voyait plus que le haut des panneaux de circulation »
Samedi 11 novembre, les Sauveteurs en Mer ont appris grâce aux réseaux sociaux que la mairie était à la recherche d’embarcations vides pour transporter les habitants et leurs affaires. Sur le départ pour un exercice, les bénévoles « n’ont pas hésité une seconde », souligne le président, pour changer de destination.
Mettre en sécurité un maximum de personnes prises au piège de la montée des eaux
Arrivés sur place, les sauveteurs constatent que des membres de la sécurité civile sont déjà présents et tentent d’atteindre des habitants bloqués par les eaux. Certaines zones sont difficiles d’accès tant l’eau est profonde. Heureusement, l’aéroglisseur de la station de Berck-sur-Mer, conduit par Jean-Marc Lamblin, se fraie un passage dans les rues étroites.
Les sauveteurs essayent d’évacuer un maximum de sinistrés. Certains refusent de quitter leur logement, comme cette femme de 86 ans, « qui n’a connu que sa maison et pour qui l’abandonner est inenvisageable », décrit Mathieu Delettré.
Les sauveteurs ont finalement aidé une trentaine de personnes à quitter leur foyer… et aussi quelques animaux : un chat, six chiens et deux moutons. « Aucun blessé n’a été déclaré, se réjouit le président de la station, mais les gens étaient dans un état de grand stress, attristés d’avoir tout perdu et ils s’inquiètent dorénavant de la prise en charge par leur assurance. »
Les bénévoles de la station de Berck-sur-Mer sont finalement intervenus durant tout le week-end pour aider les victimes. L’aéroglisseur SNS 4A-01 Maxime Touchais et le semi-rigide SNS4–002 Maurice Miny ont effectué des norias pendant douze heures.
Des opérations de sauvetage inédites nécessitant des manœuvres difficiles
Une mission délicate car les sauveteurs ne sont pas habitués à ce type de sauvetage. « C’est une mission totalement atypique, précise Mathieu Delettré. Il fallait être très attentif parce qu’on n’avait aucune connaissance de ce qui se trouvait sous les embarcations. Et le froid a saisi les équipiers, qui sont restés longtemps dans l’eau. »
Piloté de manière très fine entre les rues étroites de La Calotterie, l’aéroglisseur est d’abord parti en reconnaissance pour atteindre des zones inaccessibles à pied ou en véhicule terrestre. Le niveau d’eau était si haut « qu’une des jupes de l’aéroglisseur s’est agrippée à la fenêtre d’une caravane. C’était inimaginable », décrit le président de la station de Berck-sur-mer, abasourdi.
Les sauveteurs ont travaillé en étroite collaboration avec les gendarmes et les pompiers pour agir au mieux face à une telle situation. « Chaque équipier avait un mot gentil pour les habitants. J’étais ravi de représenter la SNSM et de partager ses valeurs, approuve Mathieu Delettré. Il y a eu vraiment une magnifique solidarité entre des gens qui ne se connaissaient pas jusque là. Cela va finalement au-delà de l’engagement à la SNSM, j’en garde un souvenir impérissable. »
Article rédigé par Clarisse Oudit-Dalençon